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Le vieux sage

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Il y a longtemps et dans de lointaines contrées, vivait une tribu en harmonie avec la terre, le ciel et l’eau. En ce temps-là, l’eau des rivières et des sources était limpide et l’on y pouvait boire sans risquer d’être malade. L’air était frais et pur, le sol était fertile et la terre offrait à ceux qui savaient la cultiver de beaux  fruits et légumes. Evidemment, tout n’était pas idyllique. Parfois la mort venait frapper à la porte de la communauté, avec son lot de guerres et d’épidémies. Mais la vie y était le plus souvent paisible et agréable.


Dans cette ancestrale tribu, vivait un vieux sage que tout le monde respectait. Il savait ses jours comptés à cause de son grand âge mais il était serein car la vie lui avait apporté tout ce qu’il avait désiré : l’amour avec sa femme et ses cinq enfants, un toit à mettre au-dessus de sa tête, pour pouvoir l’abriter lui et les siens, de la pluie et du vent, de la neige et du soleil. Sa tente bariolée était d’ailleurs son seul bien. Il avait des amis fidèles sur lesquels il avait pu, tout au long de sa vie, compter. Il s’était très jeune passionné pour les choses de la nature : les animaux, et comment les chasser ou les apprivoiser, les plantes et leurs vertus médicinales, les nuages et comment prévoir le temps qu’il fera, les poissons et la pêche, la terre et comment la féconder avec des graines, le feu et la manière de le faire naitre, et c’est souvent qu’on venait lui demander conseil.


Aussi quand le vieux sage, à la barbe blanche et au dos vouté, fit des cauchemars noirs et étranges, toute la communauté s’inquiéta. Toutes les nuits, il hurlait, suait toute l’eau de son corps et prononçait d’inquiétantes paroles. Il semblait se tordre de douleur, se roulait par terre, se cognait, rampait comme le serpent, hurlait comme le chacal, bavait comme un loup. Certains soutinrent qu’il avait été envouté par l’esprit du malin, d’autres pensèrent à une mauvaise fièvre mais beaucoup, au fond de leur cœur, n’y croyaient pas. Ils avaient peur et redoutaient un grand malheur et invoquèrent les dieux pour leur miséricorde. Sa famille, ses enfants, car son épouse l’avait quitté en couche, étaient impuissants à le calmer et chaque nuit, ils lui donnaient un peu d’eau et le réconfortaient mais en vain, que si bien, une nuit sans lune, quand le loup hurle et le vent ne siffle pas, son cœur fut rappelé dans la prairie verdoyante où vont les âmes trop fatiguées par leur vie terrestre.


Les dieux furent convoqués, on chanta, dansa autour du feu et on appela les ancêtres. On fit offrande, on lui fit une sépulture et on organisa une belle cérémonie, pour calmer les cœurs et les esprits, et pour que l’âme du vieux sage parte en paix.


Bien des années plus tard, peu de gens se souvenaient de la triste fin du vieux sage quand d’étranges bonhommes surgirent sur la colline. Peu de gens se rappelèrent des mises en garde du vieux sage et de ses cauchemars inquiétants. Pourtant il les avait mis en garde sans le savoir face à un danger que personne n’aurait pu imaginer.


Dans ses rêves, il leur avait dit : « Ils viendront comme des nuées d’insectes. Ils seront pâles, méchants et bêtes. Ils ne respecteront rien : pas même la vie et la terre qui féconde, pas même l’eau qu’ils souilleront, pas même les arbres qu’ils coucheront comme le vent plie un brin d’herbe, pas même les animaux qu’ils extermineront. Facilement, vous pourrez les reconnaitre car ils auront tous un regard inquiet et triste. Toujours, ils courront après on ne sait quoi. Ils auront des armes en métal qui crachent le feu et sèmeront la mort ».

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