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La fourgonnette

fourgonette.jpgToujours le même principe : à partir de la première phrase d'un roman, écrire une nouvelle.

« Nous roulions depuis une trentaine de kilomètres lorsqu’un couinement nous est parvenu depuis l’arrière » Philippe Ségur, Vacance au pays perdu.

Nous roulions depuis une trentaine de kilomètres lorsqu’un couinement nous est parvenu depuis l’arrière. Je regardai Marie qui fit la moue : j’étais aussi dubitatif qu’elle et n’accordai aucune importance à ce bruit étrange. Je continuai de rouler tout à fait normalement. Et je repensai même à ce que nous allions faire ensuite. Mon épouse s’était endimanchée, maquillée et parfumée plus que de raison pour cette occasion.
Le soleil ourlait une lumière orange vers l’ouest où nous nous dirigions avec la fourgonnette et où l’astre du jour commençait à décliner. Plus au nord, le ciel s’ennuageait un peu avec des cirrus qui semblaient s’étirer dans le ciel comme une volée d’oiseaux migrateurs. Je baissai le regard pour aborder le virage qui s’annonçait quand de nouveau un couinement retentit, un peu comme un grincement de porte.
Cette fois-ci nous n’avions pas rêvé. Pourtant tout s’était passé normalement pendant le chargement et nous avions fait ce qu’il fallait pour qu’il ne fasse pas de bruit. Nous l’avions bien attaché, solidement et nous avions tout fait pour que nous ne puissions pas l’entendre pendant le trajet. Qu’est ce qu’il pouvait bien faire à l’arrière de notre camionnette ?
Nous nous regardâmes, moi et mon épouse, ne sachant pas quoi faire. Je stoppai alors notre véhicule sur le côté, vérifiant que Manon, qui s’était lovée entre nous, dormait encore. Cela fait, je descendis, ouvrit la porte arrière le plus silencieusement possible, vérifiai qu’il était bien attaché, ce qui était le cas et qu’il ne pouvait pas se faire entendre.
Nous repartîmes le plus discrètement possible. Je ne roulai pas vite, ne voulant pas réveiller Manon. Quelques kilomètres plus tard, nous arrivions à la ferme.
Marie s’occupa de la petite, fatiguée par la route, qu’elle déposa dans le canapé. Je me chargeai du « colis ».
Et qu’elle fut la surprise de Manon, quand elle découvrit le paquet cadeau, déposé à ses pieds par nos soins sans avoir fait le moindre bruit.
Nous eûmes droit à un « Ho ! » de joie et des grands éclats de rire.
Bien des années plus tard, elle nous confia que cela avait été l’un de ses plus beaux anniversaires.

Elle s’appelait Espérance : onze kilos, le poil beige, un jolie Labrador femelle de six mois que nous avions été chercher au refuge. J’avais dû lui enfiler une méchante muselière pour ne pas que Manon l’entende !
Quant au couinement, c’était sans doute la caisse à outils métallique qu’Espérance avait déplacé avec ses pattes pendant le trajet.

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